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Voitures électriques : passe d’armes entre l’ACEA et Tavares




Lundi 16 Septembre 2024


Le 13 septembre 2024, l’Association des Constructeurs Européens d'Automobiles (ACEA) a officiellement demandé un report des nouvelles normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy), dont l’application est prévue pour 2025. Ces normes visent à abaisser les émissions de CO2 à 81 g/km pour chaque voiture vendue. Une proposition qui pourrait bouleverser le secteur automobile, mais qui rencontre une opposition de taille : celle de Carlos Tavares, PDG de Stellantis.



L’ACEA face à un marché en difficulté

La demande de l’ACEA intervient dans un contexte de baisse des ventes de voitures électriques en Europe, particulièrement marquée après la suppression des aides à l'achat en Allemagne. Selon les prévisions des constructeurs, cette baisse pourrait rendre difficile, voire impossible, le respect des normes d'émissions en 2025. En cas de non-respect, les constructeurs seraient soumis à des amendes colossales. Luca de Meo, président de l’ACEA et directeur général de Renault, a déclaré que le coût de ces sanctions pourrait atteindre 15 milliards d’euros, forçant certains fabricants à réduire leur production de voitures thermiques.

Pour tenter d’éviter cette situation, l'ACEA a sollicité l’application de l’article 122 du Traité de l’Union Européenne, un mécanisme d’urgence qui permettrait de repousser l'échéance de deux ans, jusqu’en 2027. L’ACEA espère ainsi bénéficier d’un répit pour ajuster sa production de véhicules électriques et mieux préparer la transition écologique. Selon l'association, les objectifs européens, tels qu'ils sont fixés, risquent de déstabiliser l'industrie automobile dans son ensemble.

Carlos Tavares : une opposition farouche

Carlos Tavares, à la tête de Stellantis, a vivement réagi à cette demande. Lors d’une intervention remarquée au concours d’élégance de Chantilly le 15 septembre 2024, il a critiqué fermement l'initiative de l'ACEA, la qualifiant de "surréaliste". Pour Carlos Tavares, il est hors de question de modifier les règles du jeu à ce stade, alors que les constructeurs européens ont eu plusieurs années pour se préparer aux normes CAFE.

Selon lui, la concurrence, pierre angulaire de l'Union européenne, serait dénaturée si ces normes étaient modifiées. Il a déclaré : « Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course. » Le PDG de Stellantis estime également que la faible demande de voitures électriques ne justifie pas un report des objectifs écologiques. Il rappelle que Stellantis, deuxième groupe européen, a déjà pris des mesures pour se conformer aux nouvelles exigences, en développant une gamme de véhicules électriques et hybrides sous ses 15 marques, et en s’engageant à ne pas recourir aux crédits carbone.

Paolo Garoscio




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