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Retraites : le gouvernement écarte une capitalisation obligatoire




Lundi 9 Juin 2025


Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, rejette l’idée d’une retraite par capitalisation obligatoire, défendue par Édouard Philippe. Un désaccord qui va bien au-delà du débat technique, et qui engage les équilibres économiques à moyen terme.



Philippe relance la capitalisation, Lombard oppose une fin de non-recevoir

Le 5 juin 2025, Édouard Philippe a proposé d’introduire « une part de 15 % de capitalisation dans le système des retraites » afin de faire face à « une société qui vieillit » et à « la dénatalité ». Une proposition ambitieuse, structurée, et clairement assumée par un candidat à l’élection présidentielle de 2027.
Éric Lombard, ministre de l’Économie, a répondu trois jours plus tard, lors d'une interview à France Inter/France Info/Le Monde : « En faire un élément obligatoire, je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment. On a des priorités plus brûlantes sur la question des retraites », a-t-il déclaré. Selon lui, une telle réforme poserait « un problème d’équité » : « ce sont ceux qui ont de l’argent, donc ceux qui ont des revenus plus élevés, qui peuvent le placer ».

La critique d’Éric Lombard s’appuie également sur une contrainte budgétaire immédiate : celle des marges disponibles dans le tissu économique. « Si on devait faire une capitalisation obligatoire, qui la financerait ? Les entreprises ? On voit bien que les marges sont serrées et qu’il n’y a pas de quoi prélever », souligne-t-il. Il évoque alors la nécessité « d’une réflexion plus large sur l’organisation », et affirme privilégier une « incitation à investir » plutôt qu’un système contraint.


Une proposition à contre-temps des priorités budgétaires

Pour de nombreuses entreprises, notamment les PME et ETI, une capitalisation obligatoire équivaudrait à une ponction directe sur les ressources internes, sans contrepartie immédiate en productivité ou en compétitivité. Le risque ? Créer un effet d’éviction sur d’autres postes d’investissement, voire sur l’emploi.

Au cœur du raisonnement du ministre, une équation simple : l’État doit contenir la dépense publique. Le budget 2026 nécessitera « environ 40 milliards d’euros d’efforts » si aucune mesure n’est prise. « Nous n’augmenterons pas les impôts dans leur ensemble », a-t-il déclaré, excluant également un recours à une austérité généralisée.
Dans ce contexte, introduire une réforme coûteuse et structurelle comme la capitalisation obligatoire apparaît comme incompatible avec les objectifs à court terme. D’autant plus que le gouvernement n’exclut pas une « année blanche » (gel partiel ou total des budgets) dont le périmètre serait défini « au cas par cas ». La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a confirmé cette approche dans le Journal du dimanche du 7 juin 2025 : « revoir cette tendance » à la hausse du nombre de fonctionnaires est une des pistes évoquées.


Grégoire Hernandez




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