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Porte-avions nouvelle génération (PANG) : un chantier majeur pour l’industrie française




Lundi 22 Décembre 2025


Le 21 décembre 2025, Emmanuel Macron a confirmé le lancement effectif du futur porte-avions de nouvelle génération, mettant fin à une longue phase d’études préliminaires. Si l’enjeu militaire est évident pour la marine et l’armée, l’annonce marque surtout, pour l’industrie française, le démarrage d’un grand chantier d’ampleur exceptionnelle. Coque, propulsion nucléaire, systèmes aéronautiques et intégration finale : le projet structure durablement une part essentielle de l’appareil productif national.



L’annonce de Macron comme signal industriel fort pour la France

En actant la construction du porte-avions, Emmanuel Macron sécurise un horizon industriel clair pour les grands acteurs du naval militaire. Contrairement à un programme fragmenté, le porte-avions concentre en un seul objet des compétences rares : architecture navale lourde, chaudronnerie de grande dimension, intégration de systèmes complexes et sûreté nucléaire. Ainsi, l’État envoie un message de continuité à l’ensemble de la filière industrielle française.

Le calendrier annoncé, avec une entrée en service autour de 2038, impose une planification industrielle fine. En effet, un porte-avions ne se construit pas comme un navire commercial. Chaque étape, depuis la découpe des premières tôles jusqu’aux essais à la mer, doit être séquencée sur plus d’une décennie. Pour les industriels, cette visibilité permet d’investir dans les outils, les compétences et la formation, tout en amortissant des infrastructures lourdes sur le long terme.

Enfin, Emmanuel Macron a explicitement mis en avant l’impact économique du programme. Selon les éléments relayés par plusieurs médias, près de 800 entreprises, majoritairement des PME, seront impliquées à différents niveaux. 

Coque, propulsion nucléaire...

Sur le plan industriel, la construction de la coque constitue l’un des défis majeurs du programme. Avec un déplacement proche de 80 000 tonnes et une longueur d’environ 310 mètres, le futur porte-avions dépasse largement le gabarit du Charles-de-Gaulle. Les Chantiers de l’Atlantique, pressentis pour la construction de la coque, devront articuler méthodes issues du civil et contraintes spécifiques du militaire. 

La dimension nucléaire constitue un autre pilier industriel du projet. Le futur porte-avions sera équipé de deux chaufferies de nouvelle génération, conçues par TechnicAtome, en lien étroit avec la Direction des applications militaires du CEA. Ce choix prolonge la continuité industrielle initiée avec les sous-marins nucléaires et le Charles-de-Gaulle, tout en faisant monter en gamme la filière.
Au-delà de la coque et de la propulsion, le porte-avions est un concentré de systèmes industriels. Catapultes électromagnétiques, radars, systèmes de combat, ascenseurs d’aéronefs, réseaux numériques : chaque brique technologique fait intervenir des acteurs spécialisés. Pour Naval Group, maître d’œuvre du programme, l’enjeu consiste à orchestrer cette chaîne de valeur sans rupture, sur une durée exceptionnelle.

Un grand chantier structurant pour l’industrie française

En définitive, le nouveau porte-avions dépasse largement le cadre d’un simple équipement militaire. Il s’agit d’un grand chantier industriel, comparable par sa durée et sa complexité aux programmes nucléaires civils ou aux grands projets d’infrastructures. En l’annonçant, Emmanuel Macron engage la France dans un cycle industriel long, exigeant et coûteux, mais structurant.

Pour l’industrie, l’enjeu est clair : réussir ce chantier conditionne la crédibilité française dans la construction navale militaire lourde pour les décennies à venir. Dans cette perspective, le porte-avions apparaît moins comme une fin en soi que comme un socle industriel, capable de maintenir des compétences critiques, d’entraîner des filières entières et de positionner durablement la France parmi les rares nations capables de mener à bien de tels projets.

 

François Lapierre




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