Carnets du Business


           

La facture des F-35 explose : la Suisse menace de revoir son contrat avec les États-Unis




Lundi 7 Juillet 2025


Le contrat d’achat des chasseurs F-35, pourtant verrouillé à prix fixe selon Berne, se heurte à une réévaluation massive des coûts côté américain. La Suisse pourrait-elle réduire sa commande ? Le bras de fer est engagé.



La Suisse confrontée à une envolée des coûts des F-35

Le 6 juillet 2025, le climat diplomatique entre la Suisse et les États-Unis s’est tendu autour du contrat d’acquisition de 36 avions de chasse F-35, initialement signé en septembre 2022. Le gouvernement suisse, convaincu d’avoir conclu un accord à "prix fixe", se dit surpris par une demande américaine visant à ajuster le montant initial de 6 milliards de francs suisses à la hausse. Selon plusieurs sources l’écart atteindrait près d’un milliard de francs suisses (soit environ un milliard d’euros), rendant l’opération beaucoup plus onéreuse qu’escompté.

La commande portait sur 36 appareils de type F-35A, modèle conçu par le constructeur américain Lockheed Martin. Ce choix controversé avait été validé malgré une forte opposition politique interne, notamment en raison du coût d’entretien et des implications stratégiques à long terme. La livraison des avions est censée débuter en 2027.

Le Conseil fédéral face à une pression croissante

Le président de la commission de la politique de sécurité du Conseil national, Martin Pfister (Le Centre/Zoug), a déclaré dans 20 Minutes Suisse : « Nous allons devoir réexaminer le volume de la commande. Le contrat signé était à prix fixe, cette augmentation unilatérale n’est pas acceptable ».
Dans un entretien relayé par RTS Info, le Conseil fédéral a confirmé que le contrat avait été formellement validé comme étant "fixe et non révisable". Pourtant, les autorités américaines soutiennent désormais qu’il existerait une "marge d’ajustement" liée à la configuration spécifique des appareils, aux coûts de personnalisation et aux délais industriels.

Le prix des F-35 : une dérive budgétaire mondiale ?

Le cas suisse n’est pas isolé. D’autres pays clients de Lockheed Martin, dont le Danemark et l’Italie, ont également signalé des hausses de coûts ces derniers mois. L’ampleur du surcoût est variable, mais s’explique souvent par les mêmes facteurs : inflation dans la filière aéronautique, adaptation des systèmes aux exigences nationales, et retards logistiques sur les chaînes d’assemblage.
Dans un article de La Tribune, un expert de l’aéronautique militaire explique : « Le mythe du prix fixe dans les contrats d’armement est une fiction. Il y a toujours une clause d’adaptation. » En Suisse, ce débat prend une dimension politique particulière, dans un pays où la neutralité stratégique impose des arbitrages rigoureux sur les investissements militaires.
La solution la plus envisageable, selon plusieurs élus suisses, serait de réduire le volume des avions commandés. Le nombre de 36 F-35 pourrait être revu à la baisse, pour rester dans l’enveloppe initiale fixée par Berne. Un tel scénario nécessiterait une renégociation complète du contrat, avec l’accord des États-Unis. Dans Le Figaro, Martin Pfister précise : « Si Washington ne respecte pas le cadre initial, alors nous n’avons plus d’obligation de commander la totalité des appareils prévus. » Le bras de fer est donc engagé entre les deux capitales, et aucune résolution rapide ne semble en vue.

François Lapierre




Recherche

Rejoignez-nous
Twitter
Rss
Facebook

L'actualité de la RSE



L'actualité économique avec le JDE






2ème édition, revue et augmentée