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Kodak au bord du gouffre : l’héritage centenaire menacé par des pertes et une dette écrasante




Jeudi 14 Août 2025


Après plus d’un siècle de règne sur la photographie, Kodak se retrouve acculé par une dette massive, des ventes en recul et une trésorerie qui s’épuise. L’entreprise, symbole d’innovation passée, pourrait bientôt cesser toute activité.



Kodak face à un déclin prolongé

Le 11 août 2025, Kodak a publié ses résultats financiers du deuxième trimestre, révélant une situation critique. Les chiffres confirment la gravité de la crise : recul des revenus, pertes croissantes et endettement insoutenable. L’avertissement lancé par la direction laisse planer l’ombre d’une faillite imminente.

Depuis ses débuts en 1892, Kodak a façonné l’histoire de la photographie. Dans les années 1970, la marque contrôlait jusqu’à 90 % du marché des pellicules et 85 % du marché des appareils photo aux États-Unis, d'après les chiffres de Capital. Mais la transition vers le numérique a mis à mal ce monopole, et la faillite de 2012 — marquée par 6,75 milliards de dollars de dettes et 100 000 créanciers — a entamé sa puissance industrielle.

Après sa restructuration, Kodak a tenté de se diversifier vers les produits chimiques, l’impression et le cinéma argentique. Ces efforts n’ont pas permis de retrouver une stabilité durable.

Un signal d’alarme financier sans précédent

Les résultats publiés par Kodak le 11 août 2025 révèlent une situation alarmante. Sur le premier semestre, le chiffre d’affaires s’établit à 526 millions de dollars, contre 540 millions un an plus tôt. La société enregistre une perte nette de 50 millions de dollars, après un bénéfice de 24 millions au premier semestre 2024, indique le communiqué officiel de l'entreprise.

Au deuxième trimestre, les revenus atteignent 263 millions de dollars, en baisse par rapport aux 267 millions de l’année précédente. Le résultat net bascule dans le rouge avec –26 millions de dollars, après un bénéfice équivalent un an plus tôt.

La trésorerie disponible chute à 155 millions de dollars fin juin, contre 210 millions un an auparavant, tandis que la dette totale grimpe à 1,2 milliard de dollars.

Une échéance qui pourrait sceller le destin de Kodak

Le principal danger vient d’une obligation financière colossale : 500 millions de dollars de dettes devront être remboursés en 2026. Sans refinancement, la direction admet qu’il existe des « doutes substantiels » sur la poursuite des opérations. Kodak indique travailler avec des conseillers financiers pour explorer « des options stratégiques », sans donner de détail sur un éventuel plan de sauvetage. Pour réduire ses coûts, l’entreprise a déjà suspendu les paiements liés à son régime de retraite. Sa production, majoritairement localisée aux États-Unis, pourrait être encore réduite.

Le cas Kodak illustre la difficulté pour un pionnier de se réinventer face à des mutations technologiques majeures. Jadis synonyme de photographie, la marque se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins, confrontée à une double pression : un marché en recul et un mur de dettes à honorer.

François Lapierre




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