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Le Parlement européen interdit les dénominations type "steak végétal"




Jeudi 9 Octobre 2025


Le débat sur le “steak végétal” vient de franchir une étape décisive au Parlement européen. En votant l’interdiction des dénominations évoquant la viande pour les produits à base de plantes, les eurodéputés tranchent un débat qui risque de changer l’industrie agroalimentaire.



Un débat ancien ravivé par le vote européen

Le 8 octobre 2025, à Strasbourg, le Parlement européen a adopté un amendement interdisant aux fabricants d’utiliser des termes comme “steak végétal” ou “burger végétarien” pour désigner leurs produits. Cette décision, attendue depuis plusieurs années, réactive le vieux débat entre producteurs de viande et filière végétale sur la dénomination des aliments. Au cœur de la controverse : la légitimité des mots et la bataille économique autour d’un marché végétal en forte croissance.

Le vote a été clair : 355 voix pour, 247 contre, selon les chiffres communiqués par Reuters). L’amendement, soutenu par le Parti populaire européen (PPE) et plusieurs groupes conservateurs, interdit les dénominations jugées “trompeuses” telles que steak végétal, escalope veggie ou saucisse de soja. L’objectif officiel : protéger les appellations liées à la viande et éviter toute confusion pour le consommateur.

Selon Le Monde, cette position est portée notamment par la députée française Céline Imart, qui a déclaré : « Un steak, une escalope ou une saucisse sont des produits issus de nos élevages. Point. Pas d’ersatz de laboratoire. Pas de produit végétal. » Pour les partisans de la mesure, l’interdiction vise donc à défendre la “transparence alimentaire”. Ils estiment que la terminologie actuelle brouille les repères des consommateurs. Pourtant, plusieurs études commandées par la Commission européenne indiquent que 70 % des citoyens comprennent parfaitement qu’un “steak végétal” ne contient pas de viande, à condition que l’étiquetage soit explicite, rappelle Euronews. L’Union végétarienne européenne (EVU) y voit donc une mesure “idéologique”, sans fondement empirique.

Le poids des mots : entre réglementation et identité alimentaire

Le texte adopté s’inscrit dans la révision du règlement de l’Organisation commune des marchés agricoles (OCM). Il dresse une liste de 29 termes interdits, dont “bacon”, “aile”, “côte” ou “poitrine”, selon Euronews. La Commission européenne devra désormais préciser les équivalents autorisés : “galette végétale”, “préparation à base de soja” ou “alternative protéique”.

Cette décision marque un tournant après plusieurs années de flou juridique. En 2024, la Cour de justice de l’Union européenne avait jugé qu’un État membre ne pouvait interdire unilatéralement l’usage de termes évoquant la viande pour des produits végétaux, sauf preuve de tromperie du consommateur. En conséquence, le Conseil d’État français avait annulé, le 28 janvier 2025, les décrets interdisant les appellations comme “steak végétal” ou “saucisse végétale”, estimant qu’ils contrevenaient au droit européen.

L’adoption de cette interdiction à l’échelle communautaire inverse la logique : elle donne une base légale uniforme à ce que plusieurs États tentaient déjà d’imposer. La France, initiatrice du mouvement, se trouve donc confortée. Pour le ministre français de l’Agriculture, cette harmonisation “met fin à la concurrence déloyale et à la confusion sémantique entre produits d’élevage et imitations végétales”.

Cependant, de nombreux acteurs industriels dénoncent une victoire des lobbies de la viande. L’association Plant-Based Foods Europe estime que la mesure “freine l’innovation et stigmatise les alternatives durables”. Selon son communiqué du 9 octobre 2025, « interdire le mot ‘steak’ à un produit qui en a la forme, l’usage et la fonction est absurde ». Une position relayée par The Guardian, qui souligne que le marché européen des substituts de viande pèse déjà 5,8 milliards d’euros et croît de 12 % par an.

François Lapierre




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