Un gisement d’envergure, le plus important depuis 25 ans pour BP
Le 4 août 2025, BP (British Petroleum) a annoncé la découverte d’un gisement de gaz et de pétrole dans le bassin de Santos, au large du Brésil. Selon l’entreprise, il s’agit de la plus grande découverte réalisée depuis un quart de siècle. Le puits 1-BP-13-SPS, foré à 404 kilomètres des côtes brésiliennes, a atteint une profondeur totale de 5 855 mètres, sous une colonne d’eau de 2 372 mètres. L’analyse préliminaire confirme une colonne d’hydrocarbures brute de 500 mètres, logée dans un réservoir carbonaté de haute qualité couvrant plus de 300 kilomètres carrés.
L’ensemble de l’exploration est conduit dans le bloc Bumerangue, acquis par BP en 2022 et dont l’entreprise détient 100 % des parts, tandis que Pré-Sal Petróleo S.A., société publique brésilienne, administre le contrat de partage de production.
Cette annonce a été publiée à quelques heures de la divulgation des résultats du deuxième trimestre 2025, qui servent également de rapport semestriel. Le 5 août, BP a dévoilé un bénéfice net ajusté (underlying RC profit) de 2,4 milliards de dollars, soit environ 2,2 milliards d’euros, supérieur aux prévisions du consensus qui s’élevaient à 1,8 milliard. En réaction, l’action BP gagnait 1,5 % à l’ouverture de la Bourse de Londres.
Ce timing n’est pas anodin. Il confirme l’alignement du discours stratégique de BP avec ses choix opérationnels : renoncer à ses ambitions climatiques affichées en 2022 pour se recentrer sur les hydrocarbures conventionnels, un virage assumé depuis février 2025. « Cette découverte en constitue une démonstration concrète », observe Russ Mould, analyste chez AJ Bell, cité par Les Échos.
Le Brésil, nouvelle colonne vertébrale de l’amont BP
Cette dixième découverte de l’année s’inscrit dans une séquence plus large. Depuis janvier 2025, BP a multiplié les annonces : Trinidad, Égypte, Libye, Namibie, Angola, et golfe du Mexique. La zone pré-salifère brésilienne constitue toutefois un axe prioritaire, avec un nouveau forage déjà planifié en 2026 sur le bloc Tupinambá.
L’objectif affiché du groupe est de porter sa production globale à 2,3 à 2,5 millions de barils équivalent pétrole par jour d’ici à 2030, avec des projets structurants jusqu’en 2035. Cette stratégie vise à consolider un portefeuille d’actifs amont à haute rentabilité, alors que la volatilité du marché pousse les majors à privilégier les ressources déjà prouvées et à faible coût marginal.
Les premières données recueillies sur le site indiquent des concentrations élevées de dioxyde de carbone (CO₂) dans les fluides extraits. BP a engagé des analyses en laboratoire pour caractériser précisément le réservoir et évaluer la faisabilité d’un développement industriel. Ces résultats seront décisifs pour la poursuite des travaux, sous réserve d’autorisations réglementaires des autorités brésiliennes.
Sur le plan environnemental, ce projet pourrait soulever des questions, alors que l’abandon des objectifs climatiques du groupe a déjà suscité de vives critiques parmi les ONG. L’entrée récente du fonds activiste Elliott dans le capital de BP accroît la pression sur sa gouvernance, dont le renouvellement est en cours, avec la nomination d’Albert Manifold à la présidence du conseil.