Le 27 juin 2025, le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé la liquidation judiciaire de l’enseigne Casa France, entraînant l’arrêt complet de ses activités dans l’Hexagone. Cette décision met fin à plusieurs mois de redressement judiciaire et confirme la disparition d’un acteur historique du secteur de la décoration et de l’ameublement.
Un modèle économique dépendant de la maison mère
L’enseigne française, qui comptait 145 points de vente et environ 600 salariés en contrat à durée indéterminée, fonctionnait de manière étroitement liée à Casa International, sa maison mère belge. Cette dernière assurait notamment la gestion des achats, la logistique, les fonctions informatiques, ainsi qu’une partie du pilotage financier du groupe. Sa mise en faillite au mois de mars 2025 a eu un impact direct et immédiat sur les capacités opérationnelles de Casa France, provoquant un arrêt des approvisionnements, un dysfonctionnement des systèmes informatiques, et la perte de l’organisation centrale de gestion.
Absence de perspectives de redressement
Au moment de l’examen des possibilités de reprise, les administrateurs judiciaires avaient reçu neuf propositions. Quatre ont été écartées faute de garanties suffisantes, deux déclarées irrecevables, une rejetée et deux ont été retirées par les repreneurs eux-mêmes. Aucune de ces offres ne permettait d’envisager la pérennisation de l’activité, ni de maintenir les emplois. La direction de Casa France avait elle-même demandé, dès le 11 juin, que la procédure soit convertie en liquidation. Le tribunal a donc confirmé cette orientation le 27 juin.
Enjeux sociaux et répercussions immédiates
La conséquence directe de cette décision est la fermeture immédiate de tous les magasins encore en activité. Environ 600 salariés sont licenciés, auxquels il faut ajouter les contrats précaires non renouvelés et les fonctions administratives supprimées. Casa France disposait d’une trésorerie de 15 millions d’euros au moment du jugement, ce qui permettra le règlement partiel des créances et le financement d’une partie du plan social. Le passif global n’a pas été officiellement détaillé mais devrait être significatif au regard des charges sociales, dettes fournisseurs et frais de gestion accumulés.
Un secteur sous pression
La situation de Casa France reflète les difficultés actuelles du marché de l’ameublement en France. Le recul des transactions immobilières, accentué par la hausse des taux d’intérêt et la diminution du pouvoir d’achat, a réduit mécaniquement la demande pour les produits liés à l’installation et à l’équipement du logement. À cela s’ajoutent des phénomènes de fond : intensification de la concurrence dans le segment milieu de gamme, montée en puissance du commerce en ligne, changements d’habitudes de consommation en faveur du low-cost ou de la seconde main. Plusieurs enseignes concurrentes ont, elles aussi, connu des restructurations ou des plans de redressement ces dernières années.
Des décisions stratégiques discutées
Selon certains représentants syndicaux, les difficultés de Casa France ne s’expliquent pas uniquement par la faillite de la maison mère. Des choix de gestion auraient contribué à la fragilité du modèle. Le manque d’investissement dans le renouvellement des magasins, l’absence de stratégie digitale à grande échelle et la lenteur d’adaptation aux nouvelles attentes du marché auraient affaibli la position concurrentielle de l’enseigne. Si Casa International avait amorcé une restructuration dès 2024, en fermant ou en vendant plus de 10 % de ses magasins, le groupe tablait encore sur un retour à la rentabilité en 2026, objectif désormais rendu caduc par l’issue judiciaire en France.