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Fnac Darty sous influence chinoise : le gouvernement lance l’alerte




Lundi 24 Novembre 2025


Le géant chinois JD.com fait une percée spectaculaire dans le paysage économique français. En devenant le deuxième actionnaire de Fnac Darty, l’entreprise soulève de nombreuses questions sur l’indépendance de la distribution culturelle nationale.



Un mouvement éclair qui surprend l’État

Le 24 novembre 2025, JD.com a officiellement acquis 21,95 % du capital de Fnac Darty, reprenant ainsi les parts de l’Allemand Ceconomy. Cette opération, dévoilée sans avertissement, a provoqué une onde de choc à Bercy. L’entreprise française, pilier de la distribution de produits culturels et techniques, est considérée comme stratégique par le gouvernement.

En réaction, le ministère de l’Économie a rapidement activé l’examen IEF, un dispositif permettant de contrôler les investissements étrangers sensibles. « Ce n’est pas une opération anodine. Fnac Darty est un acteur majeur de la distribution culturelle », a déclaré Bruno Le Maire dans La Tribune. De son côté, un représentant du ministère a souligné : « Il s’agit d’un secteur stratégique. Nous allons procéder à une analyse approfondie ».

Ce développement s’inscrit dans un contexte où l’influence économique de la Chine sur les infrastructures occidentales est de plus en plus scrutée. L’absence de concertation préalable entre JD.com et les autorités françaises illustre la volonté du groupe asiatique de frapper vite et fort sur le marché européen.


Fnac Darty, un enjeu au cœur de la souveraineté culturelle

Fnac Darty, avec ses 400 points de vente sur l’ensemble du territoire, incarne une part cruciale de l’écosystème culturel hexagonal. Outre la vente de biens électroniques, l’enseigne assure la distribution de livres, de disques, de films et d’autres produits culturels, tout en soutenant régulièrement des initiatives locales et nationales.

En intégrant son capital, JD.com s’immisce dans un secteur symbolique de l’identité française. Plusieurs observateurs craignent une perte progressive d’autonomie sur les choix de référencement, de tarification ou de mise en avant des contenus. Des représentants syndicaux ont d’ores et déjà exprimé leurs craintes, redoutant des « pressions insidieuses » sur les décisions éditoriales et commerciales.


JD.com, appétit croissant pour l’Europe

Le profil du nouvel actionnaire n’est pas anodin. JD.com, colosse de l’e-commerce chinois, rival direct d’Alibaba, affiche un chiffre d’affaires annuel dépassant 140 milliards d’euros. Sa stratégie est désormais tournée vers l’internationalisation. En Europe, le groupe a lancé la construction d’un centre logistique aux Pays-Bas, preuve de ses ambitions structurelles sur le Vieux Continent.

Son PDG, Xu Lei, a affirmé que « JD.com vise une implantation durable en Europe ». Cette démarche d’expansion, qui inclut le rachat de participations dans des entreprises locales, semble suivre une logique à la fois économique et géopolitique. À travers Fnac Darty, JD.com pourrait s’adosser à un réseau physique solide pour asseoir sa présence en France et capter une clientèle attachée à la proximité.

Au-delà des enjeux commerciaux, cette acquisition s'inscrit dans une stratégie plus large de la Chine visant à renforcer son influence dans des secteurs jugés non traditionnels pour sa diplomatie économique. Culture, logistique, distribution : JD.com combine ces trois dimensions dans un schéma qui interpelle les observateurs.


Bercy face à un dilemme politique et économique

L’État français se retrouve ainsi face à une double tension : respecter les engagements de libre marché tout en assurant la protection de ses intérêts fondamentaux. La décision issue de l’examen IEF, en cours d’instruction, sera un test décisif pour la doctrine économique du gouvernement. Elle pourrait également poser un précédent en matière de régulation des prises de participation étrangères dans les entreprises culturelles.

D’un point de vue strictement financier, l’investissement de JD.com peut apparaître comme une bouffée d’oxygène pour Fnac Darty, confrontée à des défis de rentabilité et à une transformation numérique inachevée. Mais le prix à payer sur le plan stratégique pourrait s’avérer bien plus élevé.

Le gouvernement, qui doit arbitrer entre souveraineté et attractivité, se trouve dans une posture délicate. Une posture dont la gestion sera scrutée de près, tant par les autres acteurs du commerce que par les partenaires européens. L’évolution de ce dossier dira beaucoup sur la capacité de la France à définir ses lignes rouges économiques dans un monde multipolaire.


La rédaction




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