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Pommes de terre : une récolte record qui bouleverse l’agroalimentaire




Mardi 2 Septembre 2025


La récolte 2025 de pommes de terre, exceptionnelle par son ampleur, entraîne un effondrement historique des prix. Derrière cette situation paradoxale, c’est toute la chaîne agroalimentaire — de l’industriel au distributeur — qui doit repenser ses stratégies face à une matière première surabondante et dévalorisée.



Une offre surdimensionnée qui bouleverse les équilibres

La campagne 2025 affiche une croissance de 10,3 % des volumes cultivés, soit près de 8,5 millions de tonnes de pommes de terre récoltées selon les estimations officielles. Avec 197 000 hectares plantés, la filière enregistre un record qui dépasse de 900 000 tonnes le niveau de l’an dernier. Une dynamique portée par des conditions climatiques favorables, mais qui a saturé les capacités de stockage et d’absorption du marché.

Cet afflux massif a fait plonger les cours. Sur le marché spot, les prix oscillent désormais entre 0 et 15 €/t, très loin du coût de revient estimé autour de 150 €/t. À l’inverse, les contrats long terme assurent encore des niveaux de 180 à 230 €/t, mais ils ne couvrent qu’une partie de la production. Résultat : une polarisation du marché, avec une matière première bradée d’un côté et une filière sous tension de l’autre.

Opportunités pour les transformateurs, risques pour les producteurs

Pour les industriels de la transformation — chips, frites, amidon — la situation ouvre une fenêtre de compétitivité immédiate. L’accès à une ressource abondante et à bas prix renforce les marges et favorise des investissements offensifs sur les marchés intérieurs et export. La restauration, quant à elle, bénéficie également de prix bas, susceptibles de réduire temporairement ses coûts matières premières.

Mais ce gain est fragile. La pression actuelle sur les producteurs, contraints de vendre à perte, menace la pérennité de la filière et la stabilité de l’approvisionnement futur. Plusieurs organisations agricoles appellent déjà à une régulation pour éviter une « spirale destructrice ». Sans rééquilibrage, le risque est double : affaiblir durablement le tissu agricole et accentuer la dépendance des industriels à des cycles de prix instables.

Adélaïde Motte




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