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Publicité : Leboncoin réclame un milliard d’euros à Google




Lundi 21 Juillet 2025


Le marché de la publicité en ligne est une nouvelle fois secoué par une procédure d’envergure. Le groupe Adevinta, maison-mère de Leboncoin, a engagé une action en justice retentissante contre Google, l’accusant d’abus de position dominante dans l’univers des technologies publicitaires programmatiques. L’affaire, désormais entre les mains du Tribunal des activités économiques de Paris, s’annonce comme un tournant majeur pour l’équilibre concurrentiel du secteur.



Leboncoin joue le tout pour le tout et demande à Google une somme astronomique

Le montant réclamé par Leboncoin s’élève à 952 millions d’euros, un chiffre qui en fait la plus importante action indemnitaire jamais lancée contre Google en France. Cette somme se décompose en deux volets :
    • 248 millions d’euros pour les préjudices subis en France,
    • 704 millions pour ceux estimés dans les autres marchés européens où opère Adevinta : Allemagne, Espagne, Italie et Pays-Bas.

Ce montant surpasse celui réclamé par le groupe Rossel (propriétaire de La Voix du Nord, L’Union, Le Courrier Picard, etc.), qui avait saisi la justice française en 2023 avec une demande chiffrée à 832 millions d’euros. Le mouvement initié par Adevinta témoigne d’un élargissement de la contestation des pratiques de Google au-delà du périmètre strictement français.

Les fondements de l’accusation de Leboncoin

L’action repose sur un abus présumé de position dominante dans le secteur des technologies de publicité programmatique, où Google occupe une position centrale avec sa suite d’outils publicitaires :
    • Google Ad Manager (GAM),
    • Google AdX,
    • et son DSP propriétaire DV360.

Leboncoin reproche au géant américain d’avoir, entre 2014 et 2022, verrouillé l’accès aux inventaires publicitaires, empêchant la concurrence entre plateformes technologiques, notamment en rendant l’accès à la demande des annonceurs dépendante de l’utilisation conjointe de ses propres outils.

Le cœur du reproche concerne l’impossibilité d’interopérabilité : selon les plaignants, Google aurait empêché les éditeurs tiers utilisant d’autres plateformes de mise en concurrence d’accéder équitablement aux mêmes sources de demande publicitaire. Une restriction technique qui aurait réduit les revenus de Leboncoin, mais également limité les marges de manœuvre des annonceurs et faussé le jeu concurrentiel sur tout le marché.

Le rôle de l’Autorité de la concurrence

L’Autorité française de la concurrence avait déjà reconnu et sanctionné ces pratiques en 2021, infligeant à Google une amende de 220 millions d’euros. Dans cette décision, elle pointait le comportement anticoncurrentiel de l’entreprise, notamment la manière dont ses outils favorisaient ses propres services au détriment de solutions tierces. Elle estimait alors que des éditeurs comme Leboncoin avaient subi une perte de revenus évaluée entre 10 et 15 millions d’euros rien qu’en France, en raison d’un désavantage concurrentiel imposé par Google.

La plainte a été initialement déposée en août 2024. En octobre de la même année, le juge des référés avait rejeté une demande de provision de 27 millions d’euros, estimant que l’urgence n’était pas démontrée. Le fond de l’affaire est désormais examiné en audience depuis juillet 2025, avec un jugement attendu d’ici la fin de l’année.
 

Enjeux stratégiques pour le marché publicitaire

Le marché français de la publicité numérique représentait plus de 8,5 milliards d’euros en 2023, dont plus de 40 % captés par Google, selon l’Observatoire de l’e-publicité. Les enjeux de redistribution sont donc considérables.

Si la plainte d’Adevinta aboutit, elle pourrait :
    • Inciter d’autres plateformes à revendiquer réparation,
    • Forcer Google à ouvrir davantage ses technologies à la concurrence,
    • Transformer durablement l’architecture du programmatique en Europe.

François Lapierre




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