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La Birmanie, dernier eldorado ?




Vendredi 23 Décembre 2011


Des informations en provenance de Birmanie font état de prospections géologiques prometteuses, à tel point que l'éventualité de découvertes de gisements exploitables de terres rares expliquerait, en partie, la hâte de l'administration américaine de normaliser les relations avec le régime birman.



La Birmanie, dernier eldorado ?
La récente visite de la secrétaire d'état Hillary Clinton à Naypidaw (la nouvelle capitale) et Rangoon, la capitale économique, marque un incontestable dégel des relations avec un pays – la Birmanie- encore récemment qualifié d'avant-poste de la tyrannie par l'administration américaine.

Le régime à façade civile, présidé par l'ex-général Thein Sein, issu des élections largement truquées de 2010 a lancé des signaux d'ouverture. En novembre 2010, il y eût d'abord la libération d'Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, l'icône du combat non-violent pour la démocratie, suivie un an après de l'élargissement de quelques dizaines de prisonniers politiques. La censure préalable des médias s'est allégée. Cependant, aucune de ces avancées ne modifie la nature profonde du régime, contrôlé de la base au sommet par l'armée.

Lors de son indépendance, en 1948, la Birmanie était , de loin la plus avancée des ex-colonies. Premier exportateur mondial de riz, habité par une population alphabétisée à plus de 65% (plus que le Portugal ou l'Espagne à la même époque) ce pays était doté d'abondantes et diverses ressources naturelles, allant des plus grandes forêts de tek d'Asie, aux mines des plus beaux rubis de la planète, en passant par les hydrocarbures liquides et gazeux, divers minerais, dont le cuivre .

Les relevés géologiques datent de l'avant deuxième guerre mondiale, et n'avaient pas été conduits de manière exhaustive par l'administration coloniale britannique . Théâtre de combats acharnés de 1941 à 1945 entre l'armée impériale japonaise et ce que l'empire britannique a pu déployer de troupes pour stopper les tentatives d'invasion de l'Inde et garder ouverte la « route de Chine » approvisionnant les forces chinoises « nationalistes » de Tchiang Kai Chek.

La Birmanie indépendante a vite sombré dans des guerres civiles opposant des minorités ethniques et le pouvoir central, et, jusqu'en 1989, un puissant parti communiste d'obédience maoiste (qui fut lâché par pékin après la révolution culturelle et l'avènement de Deng Xiao Ping). En 1962, le général Ne Win par un coup d'état, instaure une dictature militaire particulièrement répressive, paranoiaque et autarcique. Ce n'est donc que depuis quelques mois que des relevés géologiques ont pu être entrepris dans des zones périphériques, quasiment inaccessibles depuis 70 ans.

La situation très particulière de la Birmanie fait de ce pays une des dernières zones blanches de la géologie mondiale. Il n'est pas vraiment surprenant que ces terres vierges recèlent des terres rares. Pas étonnant non plus que ce potentiel aiguise les convoitises; la Chine produit actuellement 90% des terres rares de la planète, et considère la Birmanie comme son protégé stratégique, son ouverture sur l'océan indien, elle y construit un double pipeline, pour recevoir du gaz birman, et raccourcir de 3500 km le trajet du pétrole du Moyen Orient.

Jacques Carties

Dans cet article : Birmanie, Hillary Clinton, terres rares



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