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L’innovation est au cœur des marchés du désamiantage et du déplombage pour DI Environnement




Jeudi 22 Octobre 2020


​Le désamiantage et le déplombage sont des activités très spécifiques dont la croissance dépend d’acteurs publics et privés désormais sensibilisés aux problématiques sanitaires. Ces marchés voient la réglementation évoluer tout comme les innovations introduites par les entreprises spécialisées. Hugo Rosati, directeur général de DI Environnement et Julien Salinas, Directeur Travaux, expliquent les spécificités de métiers pas tout à fait comme les autres.



A quand date-t-on la volonté de se passer de l’amiante et du plomb en France ? Quels sont les enjeux sur le plan sanitaire ?

Hugo Rosati : Le plomb et l’amiante ont été utilisés pendant des décennies. Les premières interdictions concernant l’usage du plomb remontent à 1915, et les peintures à la céruse composées en partie de plomb ont été interdites en 1949. Ce type de peinture était très utilisé pour les immeubles d’habitation et de bureaux et si le flux s’est depuis tari, il reste un nombre très important de bâtiments et d’infrastructures ouvertes au public (notamment les gares) où le plomb est encore présent.

La prise de conscience au sujet de l’amiante a été bien plus tardive puisque l’interdiction n’est entrée en vigueur qu’en 1997. L’amiante a été abondement utilisé à partir des années 1970, car c’est un excellent isolant. Pourtant, des soupçons quant à sa nocivité pesaient déjà depuis le début du XXe siècle. Face à la multiplication des cas de cancer et des études alarmantes, les pouvoirs publics ont finalement pris la bonne décision d’interdire sont utilisation.

Julien Salinas : Reste que comme pour le plomb, de nombreux bâtiments contiennent de l’amiante. On estime à environ 20 millions le nombre de tonnes d’amiante sur l’ensemble du territoire. Seuls 200 000 tonnes sont enfouies chaque année en France. À ce rythme, il faudra 100 ans pour traiter définitivement le problème.  Il est également possible de se débarrasser une fois pour toutes de l’amiante via le procédé d’inertage, mais celui-ci coûte très cher et n’est pas imposé par la loi. Quoi qu’il en soit, l’amiante doit être traité, car en se dégradant, elle se répand et demeure invisible (les fibres sont 400 à 500 fois moins épaisses qu’un cheveu). La toxicité n’en est pas moins grande et entraîne des cancers et des maladies pulmonaires. Désamianter et déplomber relève d’une mission sanitaire.
 
En quoi le désamiantage et le déplombage constituent-ils des opérations spécifiques ?

Hugo Rosati : Les deux constituent des opérations extrêmement sensibles lesquelles nécessitent le recours à des spécialistes formés et équipés adéquatement.

En ce qui concerne le désamiantage, les chantiers doivent suivre un process spécifique quant à la surveillance de la pollution de l’air. La phase de repérage est mise jour si de nouveaux matériaux problématiques sont découverts ou si l’étendu du site à traiter est revu à la hausse. Les contrôles dits « réglementaires » sont en partie à la charge de DI Environnement. Ils consistent, entre autres à faire des prélèvements de l’air autour et sur le chantier. Ces garanties sont doublées par des expertises indépendantes certifiées Cofrac. Par ailleurs, l’eau filtrée par les installations est également contrôlée. La réglementation s’est largement renforcée depuis l’interdiction de l’amiante en 1997.

Julien Salinas : Le plomb, présent sur les peintures, est un produit toxique qui peut se quantifier par des prises de sang. La surveillance médicale par prise de sang est donc obligatoire du début des opérations jusqu’à leur fin. Le suivi est extrêmement rigoureux et permet à nos équipes d’obtenir les résultats escomptés tout en assurant une protection optimale pour tous les intervenants sur les chantiers. Adaptation et contrôle sont les maîtres-mots. Ainsi, rien n’est laissé au hasard et cela permet de se projeter avec sérieux et sérénité sur des chantiers importants.

DI Environnement a par exemple procédé au désamiantage et au déplombage de l’usine OI Manufacturing à Gironcourt-sur-Vraine. Les sols ont été dépollués, la peinture amiantée décapée, la structure métallique d’un four traitée et repeinte. Ces travaux ont tous nécessités des investissements matériels et humains importants afin de respecter l’ensemble des règles et de garantir un résultat parfait.
 
Les procédés ont-ils été amenés à évoluer dans ce domaine ? Comment est-il possible de se démarquer techniquement de la concurrence ?

Hugo Rosati : DI Environnement fait partie des premières entreprises de France à retirer les matériaux amiantés. Elle possède une expérience de près de 25 ans – Les procédés évoluent avec le temps et l’apparition de nouvelles technologies.

Nous nous inscrivons pleinement dans ces progressions technologiques et essayons même de les anticiper afin de proposer des solutions parfaitement adaptées aux spécificités de nos métiers. Ainsi, nous avons pu adapter les girafes servant au ponçage des plaques de plâtre situées au plafond afin de pouvoir retirer les enduits amiantés qui s’y trouvent. DI Environnement a développé des procédés de retrait innovants et même ses propres matériels de désamiantage et de traitement de surface. Nous disposons ainsi, entre autres, de deux ponceuses de sol grande capacité radiocommandées, cinq véhicules lourds transport ADR (accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route), 225 aspirateurs avec filtre THE conçus par DI Environnement. C’est un atout indéniable qui permet de se distinguer de la concurrence et d’offrir des prestations de très grande qualité.

Nous avons pour objectif de toujours faire mieux en termes de sécurité, de la qualité de travail, mais aussi des rendements. Nous proposons par exemple la pose de toitures photovoltaïques qui permettent de financer le désamiantage. Ainsi, en plus de dépollueur, DI Environnement a aussi une casquette d’aménageur. C’est une force qui intéresse nos clients et qui nous assure certains contrats importants. 
 
Pouvez-vous nous donner des exemples de chantiers sur lesquels l’expertise de DI Environnement a été particulièrement précieuse à la réussite des projets ?

Julien Salinas : J’ai évoqué l’usine de verrerie OI Manufacturing à Gironcourt-sur-Vraine, car en plus de l’importance du chantier qui a mobilisé une vingtaine de personnes pendant un an, nous avons réalisé l’ensemble des tâches dans des délais restreints, ce qui a eu pour conséquence la mise en place une coactivité importante. Nos activités nous ont aussi amené au cœur du quartier de la Défense avec le désamiantage, déplombage, curage et la déconstruction intérieure du site du projet Tours Hermitage. Plus de 30 000 m² d’enduit au mur et au plafond ont été retirés par ponçage. Je pense aussi aux chantiers navals avec le retrait de l'amiante dans les peintures bitumineuses présentes dans les sous-marins nucléaires d’attaque Améthyste, Emeraude et Perle.

Chaque chantier est unique et nous veillons à développer les bonnes technologies pour chacun d’entre eux. Ainsi, le travail sur les sous-marins a nécessité un niveau d’excellence sans égal avec des outils et équipements spécifiques. Nous avons miniaturisé la plupart de nos équipements, nos moyens de communication et avons pensé un système de ventilation adapté.  
 
Quel est le gisement de votre marché à mesure que les polluants sont retirés et les sites assainis ?

Hugo Rosati : S’il est aujourd’hui interdit de recourir au plomb et à l’amiante, il reste encore de très nombreuses structures sur lesquelles travailler. Le marché de la dépollution est plus large encore. La France continue de représenter un marché important d’autant que la législation a tendance à être plus précautionneuse et devrait toucher de nouveaux matériaux au cours des prochaines années. Certains polluants encadrés par la législation chez nos voisins ne le sont pas encore en France et constitueront des marchés à l’avenir. Nos équipes QSE participent à la réglementation à venir et il fait nul doute que la bonne dynamique du marché français devrait se poursuivre. Ainsi, la France est et restera notre premier terrain d’expression, mais nous regardons de plus en plus à l’étranger où certains pays ont un potentiel très élevé avec beaucoup de sites à dépolluer et/ou une législation de plus en plus drastique qui impose des changements salutaires en termes de santé publique. La dépollution a un bel avenir devant elle.

La Rédaction




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