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Olivier Meier
Olivier Meier est Professeur des Universités, HDR (Classe exceptionnelle), directeur de... En savoir plus sur cet auteur

La procrastination dans les processus de décision




Samedi 25 Décembre 2021


La procrastination renvoie à l'habitude pour une personne, de reporter à plus tard certaines décisions pourtant essentielles, et de les remplacer par d'autres tâches de moindre importance. Face à une échéance imminente, l'individu peut ainsi adopter un comportement inadapté. Cet article vise à faire prendre conscience de ce phénomène et à montrer de quelle façon la procrastination peut nous empêcher d’atteindre nos objectifs.



La procrastination est un terme utilisé en psychologie qui trouve une application concrète et directe dans le champ de la gestion. Elle renvoie à l'habitude pour une personne, de reporter à plus tard des tâches ou des activités considérées comme essentielles, et de les remplacer par des activités de moindre importance. Face à une échéance imminente, l'individu va ainsi adopter un comportement étrange et inadapté, qui peut par exemple se traduire par une fuite en avant ou de l'impulsivité dysfonctionnelle.

Ce mécanisme a par conséquent suscité l'intérêt et l'attention des chercheurs.
 
Appliqué aux domaines de la gestion et du management, on peut définir la procrastination, comme la tendance du décideur à différer ou remettre au lendemain une décision ou l'exécution d'une tâche, en raison de l'anxiété générée par cette dernière. Il y a donc ici chez le décideur concerné, une corrélation entre l'acte de décision et ses effets perçus en termes d'anxiété et de crainte. 

Le phénomène de procrastination va ainsi prendre la forme de comportements particuliers qui vont consister à trouver des stratégies d'évitement, permettant de remettre à demain l'action ou la décision pouvant causer cette émotion forte et négative chez le décideur. Parmi les stratégies mises en avant, on en retiendra trois principales:

- le perfectionnisme social ou l'art de transformer une faiblesse narcissique en une qualité socialement valorisante;

- l'auto-handicap ou l'art de transformer un retard assumé en une justification socialement acceptable que l'on a nous même provoquée (imprévus, contretemps, urgence, malchance, accident...)

- la décision de transférer l'action ou la décision à un autre acteur de l'organisation, afin de se dédouaner des conséquences éventuelles, en faisant porter à une autre personne la responsabilité de ce choix.

Les raisons de ce comportement sont multiples et peuvent avoir des causes profondes. Nous proposons ici de nous intéresser à celles qui peuvent plus particulièrement concerner l'activité du manager et du décideur dans son travail du quotidien, en ayant des effets négatifs sur ses performances attendues.

Nous avons ici identifié cinq causes principales pouvant expliquer ce phénomène:
  • Les causes situationnelles: l'aversion pour la tâche, le rejet de l'autorité responsable de l'action demandée, le refus d'admettre une pression temporelle en récusant l'idée même d'échéance;
  • La peur de l'échec;
  • L'intolérance à l'incertitude, source de stress et d'anxiété;
  •  Le manque de confiance en soi (faible estime de soi)
  • La peur d'être jugé (faible estime sociale)
  • Les causes plus personnelles comme l''incapacité structurelle à s'organiser (désorganisation névrotique) ou à gérer son instabilité émotionnelle

Pour conclure

En conclusion, il convient ici de bien prendre conscience que la procrastination est un mécanisme relativement fréquent chez les individus, qui peut impacter souvent de façon négative les actions et prises de décisions en entreprise, avec des conséquences sérieuses pour l'organisation et son fonctionnement. Pour mieux lutter contre ce type de comportement, il est donc important de comprendre pourquoi nous procrastinons et de quelle façon la procrastination peut nous empêcher d’atteindre nos objectifs personnels et professionnels.

Bibliographie

Meier O. (2020),"Quand le perfectionnisme cache une vulnerabilité narcissique ", SenseMaking.
Barabel M., Meier O. (2015), Manageor, 3ème éd., Editions Dunod, Livre en Or.
Darpy D. (1999), "La procrastination du consommateur", Thèse en sciences de Gestion, Université Paris Dauphine.
Ferrari, J. R. (1991a). Procrastination and Project creation : Choosing easy, Non diagnostic items to avoid self-relevant information. Journal of Social Behavior and Personality, 6(3), 619-628. 65.
Ferrari, J. R. (1991b). Self-Handicapping by Procrastinators: Protecting Self-Esteem, Social-Esteem, or both? Journal of Research in Personality, 25(3), 245-261.
Ferrari, J. R., Johnson, J. L., & Mc.Cown, W. (1995). Procrastination and task avoidance. NY: Plenum Press.





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